Madon’Art

MYARTMARKET

Madon’Art

 

Madonna, la célébrissime reine de la pop et Jérôme-Martin Langlois, un peintre oublié du XIXème siècle…

 

Madonna est une star planétaire. Ses chansons aussi bien que ses frasques et ses looks ne sont un mystère pour personne, et ce depuis maintenant plusieurs décennies. Bref, Madonna est une personnalité que tout le monde connait, ou presque. A l’inverse, Jérôme-Martin Langlois, peintre néo-classique du XIX ème siècle est une figure que personne ne connait, ou presque…

Qu’est-ce qui peut bien unir ces deux-là? La question agite la toile et le monde de l’art. Voilà l’histoire - une histoire, à la fois simple et compliquée…

 

Madonna est une collectionneuse invétérée - un fait avéré mais ignoré par beaucoup. Elle possède des oeuvres d’art à foison et à faire pâlir les plus importants musées du monde.

Depuis longtemps, la chanteuse entretient des relations avec de grands artistes - relations passionnées et orageuses, à l’instar de celle qu’elle entretint avec Jean-Michel Basquiat dans les années 80 à New-York - et accumule les oeuvres. Lesquelles ? Difficile à dire, la chanteuse ne prête pas ses collections et les garde jalousement. Une vraie tigresse. On peut néanmoins supposer qu’elle possède des oeuvres de Basquiat, évidemment ils ont été intimes. Mais aussi  de David Hockney, Louise Bourgeois, Ai Weiwei, Jenny Saville, Yayoy Kusama, etc… Autant d’artistes issus d’un même courant artistique : l’art contemporain. Mais notre chanteuse sulfureuse ne se cantonne pas à l’art contemporain. L’art moderne a su aussi trouver ses faveurs, notamment les oeuvres de Tamara de Lempicka, icône des Années folles, artiste incontournable de l’entre-deux-guerres et pionnière du star système. Madonna aurait pu s’arrêter là, mais c’est mal la connaître. Est-ce son amour de l’art qui ne connait pas de limites, ou bien son avidité de collectionneuse qui serait insatiable? Je ne saurais dire, peut-être un peu des deux à dire vrai. Toujours est-il que Madonna collectionne des artistes issus de différents courants artistiques : art moderne, art contemporain mais aussi, entre autres, art néo-classique !

Et voilà que le peintre Jérôme-Martin Langlois rentre en scène - ou plutôt l’une de ses toiles Diane et Endymion, oeuvre appartenant à la période néo-classique et devant laquelle Madonna s’est fait photographier, dans sa résidence. Jusque-là, rien d’anormal. Ce tableau, Madonna l’a acquis en tout bien tout honneur, à priori, chez Sotheby’s à New-York, et ce pour la modeste somme de 1,3 millions de dollars - « modeste somme » car ce Diane et Endymion, représentant les amours nocturnes de la déesse de la chasse dans la mythologie grecque, est censé être une copie et la chanteuse l’avoir achetée en connaissance de cause…

Photo postée sur instagram

 

Et maintenant un petit retour en arrière.

La Première Guerre mondiale fait rage. En 1918, la ville d’Amiens reçoit une pluie de bombes. Le centre ville n’est pas épargné : des morts, des blessés et de nombreux bâtiments à terre. Une partie du Musée des Beaux-Arts est sous les décombres… Les plaies pansées, ou à peu près, il s’avère qu’une quinzaine de tableaux manquent à l’appel. Des tableaux détruits, perdus, volés? Qui peut le dire? En tout cas, celui de Langlois, Diane et Endymion, fait partie du lot.

Le temps passe, comme il fait toujours… 70 ans plus tard, 71 pour être exacte, une copie de l’oeuvre de Jérôme-Martin Langlois est mise en vente chez Sotheby’s à New-York. La vente, comme dit précédemment, est emportée par Madonna et pour la somme de 1,3 millions de dollars.

Le temps passe encore… 26 années s’écoulent. Madonna collectionne encore et toujours. Une passion qui commence à s’ébruiter, voire à s’étaler dans certains magazines… Paris Match, par exemple, publie un long article sur Madonna où il est surtout fait état de sa passion pour l’art contemporain. Mais, et comme il se doit, l’article est illustré… Des photos d’oeuvres qui en font tiquer plus d’uns… Et notamment, le conservateur du Musée d’Amiens qui remarque le fameux tableau de Langlois dont il est question ici : Diane et Endymion. En 2015, une plainte anonyme est déposée à l’encontre de la star pour le vol du tableau de Langlois, ainsi que les 14 autres disparus pendant le bombardement de 1918.

Quelle affaire ! Me direz-vous. Non, pas tant. La plainte reste lettre morte et « l’affaire Madonna-Langlois » ne tarde pas à s’effacer des tabloïdes et à sombrer dans l’oubli… Mais, aujourd’hui, grâce ou à cause d’Instagram, l’affaire revient sur le devant de la scène : Madonna, qui aime à se montrer, a posté sur Instagram une photo. Elle est chez elle, posant au pied d’un escalier majestueux et en arrière plan, dans la montée du dit-escalier, on y voit une oeuvre d’art… Une toile de belle dimension et de belle facture qui serait - ici le conditionnel a toute sa place - l’oeuvre de notre fameux Langlois !

 

 

La maire d’Amiens, Brigitte Fouré, voit la photo postée sur Instagram . Rappelez-vous, en 2015, le conservateur du Musée d’Amiens avait porté plainte et avait perdu. Brigitte Fouré ne fait pas de même. Elle s’adresse directement à la chanteuse en lui envoyant une vidéo dans laquelle elle la prie humblement de prêter le tableau ressuscité à la ville. Obtiendra t-elle une réponse?

En attendant, la mairesse d’Amiens scrute la photo et elle en est de plus en plus convaincue : la toile n’est pas une copie, c’est vraiment l’originale… Mais en ce qui concerne la reine de la pop, elle est tellement refaite, est-ce Madonna ou bien…

Le 06 février 2023, Isabelle Ducas