SZYMKOWICZ, un peintre vivant à la peinture vivante et bouleversante !
par Isabelle Ducas, le 27 Mai 2024
"Charles Szymkowicz vous prend par les yeux et ne vous lâche plus" a dit Léo Ferré en parlant de son ami peintre.
Je n'aurai pu mieux dire. Et j'ajouterai que cela fait un bien fou de ne pas lâcher des yeux et du coeur un artiste comme Szymkowicz. Un artiste qui n'a pas de message, mais qui a un regard, une vision, et dévoile un peu de ce que nous sommes, pauvres humains, et parfois si peu humains. Les mots de Léo Ferré sont de 1989 mais sont plus que jamais d'actualité et résument bien ce que j'ai ressenti en découvrant l'exposition intitulée " SZYMKOWICZ MAUDITS ! " au Musée de l' Hospice Comtesse à Lille. Cet artiste hors normes - Charles Szymkowicz - connu et reconnu depuis pas mal d'années ( mais que je ne connaissais pas ) a été une véritable découverte. Des tableaux de grands formats, aux couleurs éclatantes, qui vous happent l'oeil et vous étreignent le coeur pour longtemps... et qu'on désire voir et revoir encore. Si un livre que l'on ne veut pas relire ne vaut pas la peine d'avoir été lu (hormi pour un bref divertissement), il en va de même, dirais-je, pour une toile. Et les toiles de Szymkowicz, c'est certain, nous remuent fort ! Que demander d'autre à un artiste si ce n'est de nous faire vibrer ? Ses portraits sont singuliers, uniques, captivants. Il y a des visages très connus - Arthur Rimbaud, Vincent Van Gogh, Charles Aznavour, Chaïm Soutine, Romain Gary, Renato Guttuso, Léo Ferré ou encore Amy Winhouse (pour n'en citer que quelques uns)- et aussi des anonymes, ses héros à lui - sa mère, sa fille, son frère, son père Joseph, des mineurs et bien d'autres. La passion qu'il voue à ses modèles transpire littéralement de sa peinture. Une passion sans fard.
Victor Hugo, 2005 Chaîm Soutine, 2010
Renato Guttuso, 2010 Charles Baudelaire, 1992
On ne l'appelle pas pour rien "le peintre de l'âme" que cet artiste inclassable nous fait toucher du doigt dans un foisonnement de couleurs, de formes, de matières et de tailles différentes. Si l'exposition nous donne à voir de nombreux portraits, on découvre également des oeuvres qui dénoncent la shoah (dont une partie de sa famille fut victime ), les pogroms, l'oppression, les atrocités de la guerre au Vietnam ... Des oeuvres fortes et engagées et qui m'ont bouleversée...
Femme et enfant dans la ville, 1987
Je vous vois encore, 1988. Sarah le 27 février 1989, 1989
Mais je finis là avec les mots de son grand ami Léo Ferré :
Le malheur tient Charles Szymkowicz
par le pinceau et ne le quitte pas.
Sa tête, son coeur, son exploit de vie le tiennent debout
et c'est dans la perfection de l'horreur
qu'il peut continuer de traîner ses couleurs
et ses raisons d'espérer.
L'ENFANT, 2015
Cet enfant de la tragédie n'a pas grandi et c'est bien.(... )
Il vous prend par les yeux et ne vous lâche plus.
Je pensais, il y a quelques années,
Qu'il allait partir vers un ciel immaculé
dont la fraîcheur inhabituelle
l'aurait conduit au silence de certaines couleurs,
Pas du tout.
Dans ses autoportraits de 1987 et 1988
c'est l'enfer, toujours.
Et l'on se rend compte en regardant sa peinture
que Charles Szymkowicz ne doit rien,
vraiment rien à personne.
Et ces yeux, toujours ces yeux
évoquant l'ardeur révolutionnaire dans son atelier !
Il est là, dans son désir de vaincre, qui sait ?
La peinture ne parle pas. Quand elle a du génie,
elle fait un bruit à massacrer le printemps
et ses couleurs sans talent.
La saison des peintres renverse tout ce que nous savons.
Szymkowicz nous apprend l'hiver des oiseaux blessés,
l'été des rendez-vous infernaux sous les soleils factices
et l'hiver encore dans le souvenir d'une Pologne
toujours à l'appel de sa maman chérie.
Le printemps, c'est pour demain,
avec ses yeux d'aigle.
SZYMKOWICZ, MAUDITS !
Musée de L'Hospice Comtesse,
32, rue de la Monnaie, Lille
exposition du 20 avril au 21 juillet 2024
Lundi 14h00 - 18h00
Mercredi au Dimanche 10h00 -18h00
Fermé le lundi matin, le mardi,
le 1 mai et le 14 juillet
Billet couplé
Exposition + musée
6 euros/ 4 euros
Gratuit tous les dimanches pour les Lillois-es et pour tous le premier de chaque mois