Ville de Chartres,
CHEMIN DES ARTS : TROIS EXPOSITIONS POUR L'ÉTÉ
La ville interviewe Nathan Chantob pour l'exposition qui se tiendra à la Collégiale Saint-André du 1 juillet au 17 septembre 2023
11 juin 2023
En juin, s'ouvriront trois expositions du Chemin des Arts, avec, dans l'ordre, Bertrand Peyrot et ses peintures méta-corrosives, Nathan Chantob et ses toiles expressionnistes et les céramiques de l'école de Spilimbergo.
Autoportrait, huile sur toile 150 x 150 cm
Influencé par des maîtres comme Egon Schiele ou Edvard Munch, Nathan Chantob allie maîtrise du dessin et virtuosité technique à une singulière maturité. À 30 ans, il a déjà remporté plusieurs récompenses dont le très convoité Prix spécial 2011 de la Société nationale des Beaux-Arts.
Votre Ville : C'est votre grand-père qui est à l'origine de votre vocation de peintre.
Nathan Chantob : C'est vrai. Petit, je passais beaucoup de temps à le regarder peindre. Mon grand-père était juif alsacien et la guerre a coupé court à sa carrière artistique. Il a arrêté les Beaux-Arts pour prendre le maquis et a ensuite eu huit enfants à élever. Il n'a repris les pinceaux que très âgé. Quelque temps après sa mort, mon oncle est venu me donner ses œuvres. J'avais 6 ans. J'ai pris ça comme un véritable passage de flambeau et j'ai grandi avec cette conviction, tout en me demandant si ça s'était vraiment passé comme ça.
VV : À quel âge avez-vous réalisé que vous pouviez vivre de votre passion ?
NC : J'ai fait très tôt commerce de ma peinture. Je suivais des études d'art assez coûteuses en Belgique. Comme je maîtrisais les bases académiques, j'ai effectué quelques travaux à droite à gauche pour les copains. Je ne suis pas allé à l'examen de fin d'année, mais j'ai passé avec succès le concours pour accéder à des écoles d'art supérieur. Pendant l'été qui suivait, j'ai commencé à vendre des tableaux. Alors, avec le soutien de mon père, je me suis donné un an, pour voir… et je ne suis jamais retourné dans une école d'art.
LE PORTRAIT EST UN PRÉTEXTE
VV : Qu'est-ce qui vous a attiré dans le portrait ?
NC : À l'origine, j'avais idée de faire carrière dans l'illustration pour enfants. Mais on m'a très vite fait comprendre que vu les thèmes que j'abordais, qui sont encore ceux que je traite aujourd'hui, je n'étais pas dans le bon créneau. Le portrait est un prétexte. J'y mets beaucoup plus de choses que la simple représentation d'une personne. La ressemblance n'est pas ma priorité. Je trouve que le portrait est un bon moyen de faire passer de l'émotion. Je ne suis pas attiré par les sujets légers. Je ne veux pas faire de la décoration. Tant mieux si les gens trouvent mon travail beau mais ce n'est pas mon but. La peinture est pour moi un exutoire et je ne maîtrise pas tout ce qui sort. C'est ça la magie !
VV : Comment en êtes-vous venu à peindre des groupes ?
NC : J'habite en centre-ville dans une rue extrêmement passante. Pendant le confinement, j'ai beaucoup observé les gens du haut de ma fenêtre. C'est là qu'est née mon envie de peindre des foules. Je me vois plus comme un chercheur que comme un artiste. Je me nourris du réel. Ma peinture tient un peu de l'anthropologie ou de la sociologie.
LE GOÛT DE LA PEINTURE GRAND FORMAT
VV : Avez-vous une méthode de travail ?
NC : Je me garde bien d'appliquer toujours les mêmes recettes. Parfois, je travaille d'après photo, parfois non. Parfois, je fais beaucoup de croquis préparatoires, parfois je me lance directement sur la toile en me disant : « Je verrai bien où ça me porte ».
VV : Vous vous êtes aussi essayé au graff.
NC : J'ai fait du street art à mes débuts et j'en ai gardé le goût de la peinture grand format. En amont de l'exposition à la collégiale Saint-André, je vais d'ailleurs travailler pendant plusieurs jours sur un très grand format : 4 ou 5 panneaux de 1,95 m sur 1,30 m (soit une œuvre finale d'1,95 m de haut sur 5 à 6,50 m de long).
VV : Sur quel thème ?
NC : J'ai une petite idée de ce que je veux faire mais je m'autorise à changer d'avis à la dernière minute ou à recommencer si ce que j'ai déjà peint ne me plaît pas. L'exposition de la collégiale sera par ailleurs consacrée à mes œuvres les plus récentes, dont certaines n'ont encore jamais été montrées.
À la collégiale Saint-André, 2, rue Saint-André, 28000 Chartres.
Du 1er juillet au 17 septembre : du mercredi au dimanche de 14h à 19h.