“Des grands maîtres de la Renaissance, on connaît souvent des peintures, des dessins parfaitement finis […] mais ce que l’on montre en fait dans l’exposition, c’est aussi toute une série de dessins où la main de l’artiste se libère”, nous dit Francesca Alberti.  

Une fois n’est pas coutume, la pratique du « gribouillage » est mise  en lumière, une pratique universelle et essentielle aux artistes, et ce depuis… toujours ! L’exposition qui lui est consacrée, conçue par l’Académie de France à Rome – Villa Médicis et les Beaux-Arts de Paris, avec le soutien du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, Paris - nous dévoile avec bonheur le « gribouillage » et ses multiples facettes : croquis barbouillé au revers d’un tableau, dessins hatifs en marge d’un cahier d’écolier, griffonnés sur un bout de nappe en papier ou que sais-je encore… Un premier volet de cette exposition, incluant une sélection d’œuvres anciennes de collections italiennes, a été présenté à Rome de mars à mai 2022. Ce second volet parisien, établi sur la base des collections des Beaux-Arts de Paris et d’autres institutions françaises et européennes, nous a été concocté, en grande partie, par deux femmes : Francesca Alberti et Diane Bodart.

La première, Francesca Alberti est Directrice du département d’histoire de l’art à l’Académie de France à Rome et Maîtresse de conférences à l’Université de Tours et au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance.

La seconde, Diane Bodart, est professeure associée d’histoire de l’art (David Rosand Associate Professor of Italian Renaissance Art History) à Columbia University.

Les deux commissaires de l’exposition GRIBOUILLAGE/ SCARABOCCHIO  - secondées par Anne-Marie Garcia, conservatrice du patrimoine, responsable des collections des Beaux-Arts de Paris et Philippe-Alain Michaud, historien de l’art, conservateur du patrimoine au Musée national d’art moderne Centre Pompidou - ont réuni près de 150 oeuvres originales de la Renaissance à aujourd’hui. Ces oeuvres, mieux que tous les discours, nous éclairent sur les gribouillages, ces gestes graphiques, impulsifs ou transgressifs.  Si ces gribouillages, semblant n’obéir à aucune règle, ponctuent l’histoire de la création depuis toujours, c’est que, à l’instar des musiciens, les artistes font leurs gammes. Et tous y ont recours, ou presque. De Michel-Ange à Bellini, de Jean-Michel Basquiat à Cy Twombly, les grands artistes ont tous gribouillé! L’exposition, un brin non conventionnelle - et c’est tant mieux vu le sujet abordé - brouille les pistes en ne respectant pas la chronologie des oeuvres ou les cases dans lesquelles elles seraient rangées. Au contraire, l’exposition propose, pour notre plus grande joie, des rapprochements inédits entre les oeuvres de maîtres tels Léonard de Vinci, Raphaël, Michel-Ange, Bernin… et celles d’artistes modernes et contemporains majeurs tels que Jean Dubuffet, Henri Michaux, Helen Levitt, Cy Twombly, Jean-Michel Basquiat, Luigi Pericle…

le 21 février 2023,  Isabelle Ducas